Le voyage avait été minitieusement préparé. Date avait été prise avec l'unique parente gardienne du temple de l'histoire familiale
J'avais longuement réfléchi à la lettre que je lui enverrais, choisi les mots pour ne pas la heurter et ne pas l'effrayer. Après tant d'années de silence et d'absence, je ne voulais pas qu'elle se méprenne sur ma venue.
Elle m'a gentiment répondu que j'avais su frapper aux volets de son vieux coeur et que *oui* Elle était d'accord pour que je vienne la rencontrer à L. où j'avais passé, à l'abri d'une maison bienveillante, les plus beaux étés de mon enfance.
J'ai donc refait le chemin à l'envers en ce dernier jour de novembre 2008; j'avais rendez -vous avec l'histoire, la petite, celle de nos familles qui nous construit et qui nous façonne, celle qui nous apprend à grandir aussi.
La petite histoire qui s'imbrique facilement dans la plus grande, celle qui a fait qu'un jour des hommes sont partis non pas la fleur au fusil mais en criant "A Berlin" dans des trains bondés et blindés pour revenir couchés sur les monuments aux morts de leur commune pour certains ou l'esprit torturés à vie par tant de barbarie pour d'autres...
La Gare Saint-Lazare puis celle de Lisieux où de loin j'apercevais la Basilique que j'avais visité en Sa compagnie quelques étés plus tôt...Un souvenir de prières à genoux avec Elle laissant ma mère et ma soeur loin derrière moi...
Le bus avait du retard, je l' ai appelée pour la rassurer. Elle n'était pas inquiète, confiante de mon arrivée. D'ailleurs Elle m'attendait derrière sa fenêtre et dès qu'Elle m'a aperçue s'est levée prestement pour m'ouvrir la porte, oubliant ses presque quatre vingt dix étés...
Joie et émotion des retrouvailles. Les petits plats dans les grands, la belle vaisselle et les couverts en argent...Son regard bleu lavande pétillant et son étonnante mémoire qui ne laisse rien passer...
Par pudeur et parce que cette parenthèse nous appartient tant à Elle qu'à moi, je tairai ce que nous nous sommes racontées mais je ne trahirai pas de secret en vous confiant qu'Elle me fit à l'issue de cette entrevue un des plus cadeau de ma vie.
Les médailles d'Abel François Victorien Marchand ainsi que son portrait en tenue de militaire ne seraient ainsi pas galvaudés dans une quelconque brocante. Rien ne serait bradé sur un site d'enchères. Tout cela resterait dans le cocon d'un appartement familial où la mémoire n'est pas sélective et ne trahit pas les Siens...
De cela, Elle en était consciente et semblait rassurée quant au devenir de ses très "chairs" souvenirs...
J'ai quitté avec émotion ma Grand-Tante mais nous allons nous revoir...bientôt...Depuis nous nous téléphonons, je lui ai envoyé les photographies témoignages de nos retrouvailles et de ses cadres prestement accrochés. Je ne manque pas de saluer mon Grand-Oncle tous les soirs. Je le regarde et je réponds au sourire de ce jeune homme fauché dans la fraîcheur de ses vingt-ans.
Je n'oublie pas ma promesse d'aller le rencontrer dans son carré militaire en Picardie; je laisse passer l'hiver mais ce Chemin des Dames c'est à présent un peu le mien aussi.
Pour l'heure, j'ai rendez-vous à Vincennes. Il est temps de consulter les archives militaires car Abel Marchand fut cité à l'ordre de son régiment ...
Ajout du 11 septembre 2009
Il y eut d'autres visites, des promesses de se revoir qui ont toujours été tenues, l'échange de courriers parfois retardés et par deux fois perdus, égarés (?)...
Il y eut de nombreux appels téléphoniques...et puis sa joie de découvrir mon voyage au Chemin des Dames...
Je retiendrai aussi cette magnifique fête au mois de juillet où nous fûmes conviés parmi quelques ainés à fêter son 90 ème anniversaire.
Une jolie fête où l'on a un peu chanté, bu avec modération et beaucoup rit...Elégante dans sa tenue bleue assortie à ses yeux, coquette et affable elle nous a stupéfait par sa vivacité et son excellente mémoire lorsqu'elle débita (avec le ton s'il vous plaît) et sans préparation (elle a insisté) la comptine des petits vieux et une jolie histoire du siècle passé...
Elle nous avait tenu éveillés jusqu'à minuit, elle m'avait reparlé de mes recherches, de mon courage et de ce côté opiniatre qu'il lui plaisait tant...Je lui ressemblais beaucoup aimait elle me confier...Je me sentais si petite à côté d'elle qui semblait se courber tant et plus...Nous repartions regaillardis d'avoir passé un après midi en sa compagnie...
Puis il y a eu ce mercredi matin où je l'ai trouvée plus fatiguée qu'à l'accoutumée, la machine est usée m'a t-elle confiée...Je lui ai demandé de tenir encore haut la barre, que nous devions encore venir l'embrasser. Date était prise et refixée par écrit pour bien le noter sur le calendrier.
Et puis hier, 10 septembre, la nouvelle comme un couperet, la vieille Dame avait décidé de jeter son bouquet de vie aux orties...Elle était partie rejoindre son mari, un sourire accroché aux lèvres...La bougie s'était éteinte, doucement...
Sa belle Ame envolée...
Tu sais déjà tout ce que je n'écrirai pas ici...mais je confie plutôt à ce blog le compliment comme l'on pouvait l'appeler autrefois que je t'avais écrit lors cette belle journée du 26 juillet dernier.
Chère Tante A***,
C’est avec une grande joie que nous nous trouvons ici,
Nous ta famille, tes voisins, tes Amis
Pour célébrer dans la joie et l’Amitié tes 90 années
Je ne manquerai pas d’associer à nos pensées
Ton fidèle mari et complice
Notre Cher et regretté M***
Je pense aussi à tous ceux qui nous ont précédés
La famille Marchand au complet
Dont je ne me lasse guère d’entendre les histoires contées
L*** et la Normandie
Sont à ton cœur à tout jamais liés
Tu y es née, tu y as travaillé
Chacun a pu tour à tour louer ta gentillesse et ta disponibilité
Malgré les épreuves de la Vie
Tu as su le sourire et l’énergie garder et je rends Grâce au Seigneur de te préserver longtemps en santé
Je formule le souhait de nous retrouver dans quelques années,
Le jour de ton Centenaire mais à présent il est temps :
De tous te souhaiter
« UN BEL ET HEUREUX ANNIVERSAIRE ! »
Maryline Juillet 2009
C’est avec une grande joie que nous nous trouvons ici,
Nous ta famille, tes voisins, tes Amis
Pour célébrer dans la joie et l’Amitié tes 90 années
Je ne manquerai pas d’associer à nos pensées
Ton fidèle mari et complice
Notre Cher et regretté M***
Je pense aussi à tous ceux qui nous ont précédés
La famille Marchand au complet
Dont je ne me lasse guère d’entendre les histoires contées
L*** et la Normandie
Sont à ton cœur à tout jamais liés
Tu y es née, tu y as travaillé
Chacun a pu tour à tour louer ta gentillesse et ta disponibilité
Malgré les épreuves de la Vie
Tu as su le sourire et l’énergie garder et je rends Grâce au Seigneur de te préserver longtemps en santé
Je formule le souhait de nous retrouver dans quelques années,
Le jour de ton Centenaire mais à présent il est temps :
De tous te souhaiter
« UN BEL ET HEUREUX ANNIVERSAIRE ! »
Maryline Juillet 2009
2 commentaires:
j'y ai passé quelques heures aux archives militaires de Vincennes et d'autres !!! bravo pour ton voyage dans un passé très présent chez toi.
Joli pélerinage, émotion au rendez-vous et de la matière pour ton livre... A petits pas, l'histoire progresse... A bientôt! Karine.
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