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20 février 2011

Alain-Fournier et ses compagnons d'arme Frédéric ADAM


Prix de l'Académie nationale de Metz, 2006

Le lieutenant Fournier dans le civil était journaliste et écrivain. En 1913, il avait publié le Grand Meaulnes dans la Nouvelle Revue Française.

Le 22 septembre 1914, le lieutenant Henri-Alban Fournier, du 288ème régiment d'infanterie de Mirande (Gers) disparaissait avec plusieurs de ses hommes  au cours de combats dans la forêt des Eparges au sud de Verdun plus précisemment à Saint Rémy la Calonne.  Il était  affecté à la 23e compagnie commandée par le capitaine Grammont

Les circonstances de cette disparition ont fait l'objet de plusieurs controverses et sont restées durant 77 ans très floues.
Ces hommes avaient-ils été tués par représailles suite à une attaque contre un poste de secours allemand, opérée par la 22ème compagnie toute proche ?


voir l'Article ICI 
 (source Forum Pages1418/Sites-et-vestiges-de-la-Grande-Guerre/lieutenant-alain-fournier-sujet_8_1.htm)





 Ce n’est qu’en 1991, que les restes de ces soldats furent exhumés et identifiés par une équipe composée d'un archéologue  (Frédéric ADAM) et de trois fouilleuses rompus à l'archéologie funéraire (Mesdames BOURA, HELLER et JACQUEMOT).
L'étude des impacts observables sur les ossements, permit de reconstituer les derniers instants de ces soldats.
Le matériel ou mobilier militaire retrouvé a permis de retracer la vie de ces hommes. L'étude sociologique et sanitaire des hommes du 288ème RI est ici décrite avec empathie.

Cette opération archéologique de type expérimental permit d’ouvrir le débat sur l’importance et le devenir des vestiges de notre mémoire vive. Grâce à elle, historiens, archéologues et anthropologues ont posé les bases d’une réflexion qui permettra peut-être un jour de considérer le patrimoine de la Grande Guerre comme digne de faire partie intégrante de notre patrimoine archéologique.

Frédéric Adam n'a pas été dupe, les seules motivations  des dirigeants politiques, des médias nationaux et de la majorité du grand public, étaient l'exhumation du corps d'Alain-Fournier et que cette opération n'aurait jamais eu lieu si tous ces soldats n'avaient été que de simples anonymes...

L'auteur s'interroge aussi sur l'égalité devant la mort et de la reconnaissance de l'Etat devant ces hommes portés disparus qui ont donné leur vie pour la Patrie.

De ce fait, j'ai beaucoup aimé son attitude respectueuse devant ces 21 squelettes traités sans la moindre distinction de grades ou de la notoriété de l'un ou de l'autre des sujets exhumés. Dans cette optique, l'équipe a mis un point d'honneur à ne jamais révéler l'identité des sujets découverts dans la fosse aux visiteurs venus assister au travail de prélèvement...

La collaboration avec des équipes de professionnels spécialistes en expertises médico-légales pour identifier les soldats de Saint-Rémy la Calonne et déterminer la cause des décès n'a pas pu se réaliser bien que l'auteur ait été contacté à de nombreuses reprises par des responsables de laboratoire.

Frédéric Adam a répondu par la négative pour deux raisons : la première est qu'il travaillait  avec son équipe sous le contrôle d'un officier d'Etat Civil mandaté pour vérifier que les ossements de ces soldats étaient traités avec respect et envoyés dans les services archéologiques seuls habilités par autorisation à les étudier. Frédéric Adam ne pouvait se permettre de les laisser errer dans de nombreux laboratoires...

La deuxième raison est plus désolante : Seul le squelette d'Alain-Fournier interessait les chercheurs qui se proposaient de reconstituer son visage, d'étudier sa dentition et de réaliser une étude balistique gratuite. Quid des deux soldats retrouvés dans cette fosse et que l'on ne put identifier ?

L'équipe fit appel à une équipe de cinéastes de l'association Expressions Meuse qui filma les travaux de dégagement et d'enregistrement des vestiges contenus dans la fosse. Document complété par de nombreux témoignages recueillis auprès des familles des soldats, des archéologues, des inventeurs du site et d'historiens français et allemands.  Un film documentaire est né de tous ces témoignages :  "A FLEUR DE TERRE" Un film d'Alain Ries, Jean-Pierre Helas 1994 - France - 52 minutes
résumé du documentaire de Alain Ries et Jean-Pierre Hélas (Si vous en possédez une copie contactez moi merci )
On ne vit d’abord qu’un intérêt littéraire dans la découverte, en 1991, de la fosse où avait été enseveli Alain Fournier. Les bois de Meuse, où l’écrivain avait disparu aux premier mois de la guerre de 1914, le rendaient enfin à ses admirateurs, les lecteurs du "Grand Meaulnes". Il manquait à sa biographie le point final. On avait retrouvé son corps, on allait pouvoir refermer le livre de sa vie, le placer entre deux dates précises dans la liste des grands romanciers du siècle.

Mais dans la même fosse se trouvaient vingt autres compagnons d’infortune. Cela méritait sans doute un témoignage. Nous avons retrouvé la famille d’une victime. Il était donc possible de donner une voix proche, charnelle à Pierre Imbert, l’un de ces malheureux... Il ne fallait pas décevoir ces jeunes morts de 14 qui, en quelque sorte, reprenaient du service pour entretenir le souvenir des sacrifices et d’une boucherie.
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Pour ne pas les oublier :

Capitaine Savinien BOUBEE DE GRAMONT
Lieutenant Henri-Alain FOURNIER
Sous-Lieutenant Pierre IMBERT
Sergent Pierre TESTEGUTTE
Caporal Henri BROQUA
Caporal Joseph MALET
2ème Classe Léon CAHUZAC
2ème Classe Jean DUBOURDIEU
2ème Classe Dominique DUGROS
2ème Classe Henri DULITGES
2ème Classe Antoine FOURMIGUE
2ème Classe Casimir LAMARQUE
2ème Classe Eugène MASCARA
2ème Classe Jules MAURET
2ème Classe Jean NABONNE
2ème Classe Joseph PERES
2ème Classe François SAINT-AYES
ème Classe Sylvain ROLLAND
2ème Classe Justin SENSAMAT

Deux soldats non identifiés.



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MOT DE L'AUTEUR SUR L'EXCELLENT SITE 14-18

Vous y trouverez toute l'histoire de la découverte et de la fouille mais enfin et surtout, pour la première fois, l'intégralité des résultats de l'étude : comment les soldats ont été identifiés, quels sont les impacts de balles observés et à partir de ces observations comment ces hommes sont ils décédés. Tous les objets civils et militaires sont dessinés ainsi que les impacts de balles les plus pertinents (dont celui observé sur Alain-Fournier).


Toutes les observations effectuées ont été confrontées aux documents existants afin de reconstituer avec le plus de justesse possible la dernière journée de ces combattants.

Vous y trouverez également de nombreuses photos de terrain et de laboratoire inédites.



Bonne lecture pour tous ceux que cette affaire à passionné et n'hésitez pas à me poser des questions.

Cordialement

Frédéric Adam



Titre Alain-Fournier et ses compagnons d'arme

Sous-titre Une archéologie de la Grande Guerre
Prix littéraire(s) Prix de l'Académie nationale de Metz, 2006
Auteur(s) Frédéric Adam
Editeur Editions Serpenoise
Date de parution 01/06/06
ISBN 2-87692-694-6
Nombre de pages 219
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RAPPEL
 
J'attire ici votre attention que la loi du 29 décembre 1915 - stipule que seuls les services du ministère des Anciens Combattants peuvent procéder aux exhumations de soldats qui doivent avoir lieu en présence d'un officier d'état civil chargé de la rédaction d'un procès-verbal.


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